Lucie Martineau : l'art en campagne

Découvrez l'artiste qui apporte l'art à la campagne grâce à son entrain et sa passion pour l'art.

Pouvez-vous vous présenter en une phrase ?

Je suis Luli/Lucie Martineau, une artiste intervenante spécialisée en linogravure, vivant en Deux-Sèvres et fan de cuisine, de sensations fortes et surtout de son chat.

Quel est votre parcours artistique ?

On entend souvent parler de parcours artistiques originaux, ce n'est pas le cas pour moi.

Dès petite, je savais que j'étais passionnée par le fait de s'encrer les mains. Je voulais être artiste ou faire de la médiation, donc in fine, travailler dans le monde culturel.

Comment j'ai rencontré la gravure ? C'est pendant ma deuxième année de licence d'Arts Plastiques que j'ai découvert ma réelle passion. J'ai tout simplement échangé de cours avec une camarade de classe ; moi peu convaincue par la sérigraphie et elle la linogravure. Je me laisse toujours porter vers ce qui me tient à cœur. En troisième année de licence, je me spécialise dans un cours théorique à l'intitulé un peu long : pratiques artistiques et actions sociales (PAAS).

Très curieuse du mixage sous-entendu entre art et social, mon cursus s'est complété avec un master Artiste Intervenant PAAS.

La pratique des arts est un outil que j'utilise pour m'exprimer et valoriser le quotidien. C'est pour moi la manière de graver un moment, une intention et pas forcément sa vision, mais un peu celle des autres. C'est pouvoir créer du lien, s'ouvrir au monde et le partager.
J'ai toujours craint de mal faire et la linogravure m'a débloquée dans ma pratique artistique. On est obligé de faire des tests et d'expérimenter. Mes dessins, mes croquis étaient mille fois mieux que mes projets finaux parce que j'avais des attentes qui me contraignaient. Alors que la linogravure, c'est une forme de liberté. La linogravure a cet aspect magique de magnifier un résultat qui était pourtant quelconque de base. Chaque étape du processus va être important en gravure.

Que ce soit le dessin, la préparation de la matrice, les outils utilisés, le temps passé, la manière d'encrer ou la sélection du support. On se questionne, on repousse les limites de la technique et on se réinvente tout du long. Pour moi, cette succession de choix et d'heureux hasards, c'est une forme de liberté qui est très satisfaisante. Graver c'est encrer et s'ancrer.

Pouvez-vous expliquer votre démarche lorsque vous organisez des ateliers en campagne ?

L'enracinement et l'amour que je porte au milieu rural, sont d'autres aspects importants de ma vie.

J'ai vécu en Gâtine toute mon enfance et on nous pousse à aller en ville pour nos études. Une fois en ville, on m'a appris à être artiste pour un territoire et un public urbain. Mais, être artiste en campagne, comment ça fonctionne ?

J'ai été principalement intéressée par deux problématiques en milieu rural, l'itinérance et la monstration. Les gens ne se déplacent pas de la même manière, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de culture : elle ne se présente pas de la même manière. Il faut proposer des manifestations artistiques nouvelles. Et dans un second temps, je voulais démocratiser l'art.

Autour de l'art et de la linogravure, il y a souvent une aura élitiste. En réalité, dans ma pratique de l'art, je cherche à contourner ces préjugés. Je mets en avant l'écoute de soi et la recherche d'alternatives moins onéreuses ou plus simples. J'organise des ateliers intergénérationnels où je m'adapte au public et viens à leur rencontre. Je veux transmettre et ce n'est jamais à sens unique, on me raconte des histoires, on vit des expériences inoubliables.

Dans une intervention artistique, l'engagement qu'on donne, le lâcher prise qu'on a, a un effet boule de neige. Nos actions et nos mots font des échos.
Si le territoire sur lequel je vis entre la Gâtine et le Bocage est si spécial pour moi, c'est parce que les gens savent très bien se raconter, mais ils n'ont pas forcément l'occasion de le faire.

Quels sont vos conseils pour ceux qui souhaitent commencer la linogravure ou l'art de manière générale ?

Il ne faut pas s'arrêter au "je ne sais pas faire" ou "je ne peux pas faire pareil que X". Si on ne sait pas par où commencer pour la linogravure, je recommande de faire des monotypes.

Le but de cette technique est d'obtenir une impression unique à partir d'un transfert d'encre. Le résultat n'a pas besoin d'être figuratif. Le monotype est un premier pas dans le processus d'impression, avec l'utilisation de différents types d'encres, du travail de la lumière ou de l'essuyage. Il y a aussi des techniques de gravure ultra-accessibles, par exemple le Tetrapak ou le Kitchen Litho.

Pour résumer, il faut pratiquer, expérimenter et ne surtout pas se comparer. En revanche, on peut s'autocomparer avec un travail réalisé au début de l'apprentissage d'une technique.

Tester de nouveaux savoir-faire enrichira toujours sa propre pratique. Ce peut être une danse, une pièce de théâtre ou une recette de cuisine.

Il faut se lancer, faire beaucoup d'erreurs, si c'est le cas, c'est que le processus fonctionne. Vous êtes sur le bon chemin?!

Quels sont vos projets pour l'année 2025 ?

Je veux développer mes interventions artistiques pour faire une exposition en 2026, une rétrospective qui valorise le territoire des Deux-Sèvres et les histoires qu'on abrite.

Mes œuvres sont réalisées à partir de linogravure, mais pas seulement : il y a aussi le dessin, l'écriture, le théâtre ou la photographie.

Fraîchement inscrite sur le Pass Culture, je fais régulièrement des ateliers avec les jeunes et des établissements scolaires. Je continue également mes initiations de linogravure via Wecandoo.

Mon objectif de faire de l'art en milieu rural rejoint une jeune association "À Revers". Nous avons des projets plein la tête autour de collaborations avec des artistes, des manifestations et des politiques territoriales.

Comment peut-on suivre votre actualité et vous contacter ?

J'écris une newsletter basée sur les expériences que je vis accompagnée de mon programme mensuel.

Je suis évidemment sur les réseaux sociaux Facebook, LinkedIn et en priorité Instagram (@lulimartineau).
Je dévoile les coulisses, des tips et mon processus.

Vous pouvez aussi me contacter sur mon site.